samedi 16 mai 2009

Anecdotes (par CR)

Anecdotes de vie à Jakarta...

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Je suis au travail.
Mon bureau est situé à proximité de la sortie vers le couloir, où se trouvent les WC.
Une collègue se précipite dans mon bureau, l'air embarrassée.
" - Coucou ! Que se passe-t-il ?
- Cédric, il faut que j'aille aux toilettes...
- Euh... Oui, et en quoi puis-je t'aider ?
- Il y a la dame qui vend des gâteaux à l'entrée là...
- Euh, oui, et alors ?
- Eh bien, je ne peux pas passer par l'entrée tant qu'elle est encore là puisque je ne veux pas lui acheter ses gâteaux aujourd'hui !
- Euh... Tu ne peux pas sortir sans lui acheter de gâteau ?
- Non, je ne peux pas.
- Pourquoi ?
- Tidak enak hati !"

"Tidak enak hati", voilà un terme intraduisible en français sans lui faire perdre sa beauté, sa pureté, sa spontanéité. La juxtaposition mot-à-mot de concepts simples qui fait toute la beauté de la langue indonésienne.

TIDAK : négation
ENAK : bon
HATI : coeur

"Ce n'est pas bon de coeur" de passer devant cette dame sans lui acheter de gâteau.

Et puis, la dame qui vendait les gâteaux est partie, alors ma collègue a pu quitter mon bureau et aller aux toilettes.

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" - Allô ?
- Oui bonjour, c'est votre banquière.
- Oui bonjour, que se passe-t-il ?
- Je voulais vous demander quelque chose : J'ai vu sur votre dernier relevé que vous ne payez que 250.000 roupies par mois pour votre abonnement Internet, c'est quelle formule ? Je pensais avoir le moins cher mais je paye 300.000 !?
- Euh..."

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Aéroport de Jakarta, un soir...
L'agitation, les faux taxis qui m'assaillent à l'arrivée, "Hello Mister, Taxi, Backpaker area, Jalan Jaksa, OK ?"
Rien à faire, j'ai beau habiter en Indonésie depuis 2 ans, la couleur de ma peau continue de me trahir.
Une hôtesse de la compagnie Gamya. Tiens ça tombe bien, c'est sérieux les taxis Gamya.
La jeune femme finit sa discussion avec un indonésien, puis se retourne vers moi :
"Where do you go ?"
Je reste bouche bée.
Il est si beau, ce "Where do you go ?"...
Prononcé machinalement.
Ce si bel accent anglais à l'indonésienne, si imparfait.
Transpirant la pureté, l'innocence...
Un genre de fierté à employer la langue de Shakespeare aussi, ne serait-ce que pour exprimer de l'informatif...
Je souris enfin, c'est impossible de résister.
"Taman Rasuna Apartemen".

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Un dimanche après-midi à Jakarta. Soleil de plomb.
En taxi. Un vieux chauffeur de la compagnie "Express".
Pas très bavard.
On trace sur un grand axe désert.
Silence dans la voiture.
Il tourne la tête et me regarde fixement quelques secondes.
Il regarde sa route de nouveau.
Quelques secondes plus tard, il me fixe de nouveau un instant.
Puis il se concentre sur sa route à nouveau.
Il pose sa main sur la cassette de son autoradio qui n'est pas enclenchée, prêt à la mettre en route.
Il jette un dernier coup d'oeil sur moi, hésitant.
Il cesse de me regarder, et se décide enfin à lancer sa musique.
C'est une version longue genre bossa nova de "Pepito Mi Corazon".

C'était la première fois que j'entendais cette chanson en Asie (et aussi la dernière).
Traverser Jakarta déserte au son de cette musique : surréaliste.