jeudi 8 janvier 2009

Bienvenue en Indonésie ! La Foire Aux Questions spéciale Expatriation à Jakarta

Vous nous avez posé des questions par e-mail, voici les réponses :


Peut-on vivre en Indonésie avec 600 dollars/mois ?
Seulement 3% des foyers Indonésiens ont un revenu mensuel supérieur à 300 dollars/mois (d’après une étude que je me rappelle plus où je l’ai lu), donc oui, il est possible de vivre très correctement avec 600 dollars par mois. Il y a d’ailleurs un petit contingent de RMIstes qui squattent à Jalan Jaksa, en donnant des cours d’anglais de temps en temps pour boucler les fins de mois. Par contre ce sera pas la grande vie d’expat : Voilà comment tu peux répartir ton budget : Logement = 200 dollars/mois (chambre avec A/C en kos), Nourriture=150 dollars/mois, Transport = 100 dollars/mois. Et le reste à répartir entre téléphone, loisirs, etc… Maintenant, ça c’est pour la théorie, en réalité Jakarta est une ville dans laquelle on dépense assez facilement, parce que rien n’est très cher, donc tout dépendra de ta capacité à résister à la fièvre consumériste du pays. Evite d’avoir une petite copine aussi.

Est-il facile de trouver un logement ? Combien ça coûte ?
Alors le moins cher, c’est de louer une chambre dans un kos (chambre chez l’habitant ou dans des résidences partagées) = de 50 à 250 euros/mois. Pour 50 euros, tu pourras avoir une petite chambre avec les toilettes sur le palier, dans des quartiers un peu excentrés tandis que pour 250 euros, tu trouveras une chambre toute moderne, avec accès Internet, eau chaude, air conditionné. Beaucoup de ces kos pour jeunes « executives » se trouvent à Casablanca, entre Sudirman et Rasuna Said dans le quartier des affaires. Pour les trouver, il y a un site avec des offres (jakartakos.com), ou encore le housing forum du site "Living in Indonesia" mais le mieux est encore de demander à des amis ou à un chauffeur de taxi ou de bajaj, qui saura surement vous renseigner moyennant quelques roupies. En vous baladant aussi, on voit souvent des écriteau avec marqué "Kos" dessus. Avis aux fétards: Dans l'immense majorité des cas, il est interdit d'avoir des invitées le soir.
Toujours abordable mais quand même plus cher, tu as des appartements destinés à la classe moyenne Indonésienne ou aux expats qui ont pas des salaires d’expats (ou qui paient eux même leur logement). Les plus connus sont à Taman Rasuna, sur Rasuna Said, où vit la moitié de la Jakartateam. Il existe d’autres options, mais moins centrales, vers pasar Senen (Residences Allson ou Alson), à Kelapa Gading (Mediterania Appartment) à Kota (mais je me souviens plus du nom). Les prix c’est aux alentours de 450 euros pour un appart avec 2 chambres, et il faut payer 6 ou 12 mois en avance.
Après, dans le plus cher, il y a des appartements tout confort dont les prix vont de 700 à 3000 euros pour un T2. Il y en a un peu partout mais on ne les a pas essayés malheureusement. Ils offrent à peu près tous les même prestations donc c’est bien de les choisir en fonction de l’emplacement je pense. Pour quelques noms, cliquez ici.
Pareil pour les maisons, les prix commencent à 700-800 euros pour une petite maison (enfin, grosse si on compare à la France) à Kemang, le quartier du Sud de Jakarta où vivent la plupart des expats qui ont une famille car c’est là que les écoles internationales se trouvent. Les prix sont un peu plus élevés à Menteng, plus au centre. Ça peut être pas mal en coloc parce qu’elles sont très spacieuses. Il faut payer 1 an à l’avance dans la plupart des cas, et il faudra rajouter le coût d’une femme de ménage et d’un gardien (50 euros par mois chaque).
La facture d’électricité peut être assez élevé si tu laisse la clim dans toutes les pièces : Jusqu’à 100 euros par mois facile pour un 2 pièces.

Qu’est-ce qu’on mange à Jakarta ?
Il est rare de cuisiner en Indonésie, à moins de vraiment aimer ça. Il y en a pour toutes les bourses, moins d’un euro pour un nasi goreng (riz frit) pris dans la rue avec un thé glacé, à environ 10 euros dans un bon restaurant, boisson comprise. Il y a bien plus cher évidemment, en particulier dans les hôtels 5 étoiles. Il y a de tout (cuisine française, italienne, indienne, etc..) mais les restaurants qui offrent le meilleur rapport qualité prix sont ceux qui servent de la cuisine asiatique. Les restaurants que nous recommandons (bons et pas trop chers): Die Stube, Trattoria, Lang Viet, L’Escargot, El Wadj, Lara Djonggrang, Payon, Al Nafoura

Comment on se déplace à Jakarta ?
C’est un des postes de dépense qui fait le plus mal en l’absence d’un vrai réseau de transport en commun. Il y a des bus, certes, mais c’est vraiment la galère, niveau confort d’une, et au niveau de l’intelligence globale du système (pas de plan, c’est le bordel). Le ticket est pas très cher par contre, 1500 roupies ou quelque chose comme ça. Voilà sur quoi tu pourras tomber :


Becak : Les pousse-pousse = il y en a dans le quartier chinois seulement (jamais utilisé)


Bajaj : L’équivalent des rickshaws Indiens ou des tuk-tuk thaïlandais, entre 3000 et 10000 roupies la course pour des petites distances. Ils ne peuvent pas emprunter les grands axes donc c’est pas très pratique.

Anggot=Taxi qui ramasse tous le monde, avec une huitaine de passagers voire plus suivant l’âge du captaine : Ils longent un axe et coûtent dans les 1000 à 2000 rp. Pratique pour aller du Sun City au Stadium

Bus privés :Les fameux Kopaja, plus d’autres marques. Carrément bondés en journée, sales, inconfortables et on y crève de chaud


Le Transjakarta : C’est bien, c’est ce qui se rapproche le plus du métro à Jakarta, et pas trop cher (3500 rp.). Pas beaucoup de correspondance par contre, c’est dur de faire du porte-à-porte avec.

Les ojeks : Motos-taxis. Très pratique car tu évites les embouteillages en slalommant entre les voitures à l'arrêt ou en passant par des petits chemins. Tu négocies le prix à l'avance donc tu es sûr qu'il prendra le chemin le plus rapide. Par contre tu te morfles la pollution dans la gueule, ce n'est pas très confortable et il faut avoir confiance en ton chauffeur.

Les Taxis Tarif Lama, ou Tarif Bawah : Les taxis les moins chers (30% de moins que les tarifs baru). Plusieurs marques dont la plus connue est Express (et la plus sûre). Les Transcab sont biens aussi, tout neuf, et avec la télé à l’intérieur.

Les Taxi Tarif Baru : La guerre des prix fait qu’il ne reste plus que Blue Bird, Gamya et Jakarta Metro principalement à appliquer ce tarif. Les Blue Bird sont avec les Express les taxis les plus sures (pas d’arnaques le plus souvent, compteur mis en route sans avoir à le demander)
Silverbird : La gamme au dessus des Blue Bird et environ 20% plus cher.

La voiture du collègue : C’est bien, surtout que les Jakartanais ont souvent des 4X4 très confortable (l’environnement on s’en fout), destinés à les aider à mieux supporter les aléas de la route, et les longues heures d’attentes dans les embouteillages.

Ta propre voiture sans chauffeur : Inconvénients : Il faut acheter le permis environ 100 euros, apprendre à conduire à gauche, trouver des places de parkings, ramener les copains quand on revient de boîte, payer des bonus aux flics qui t’arrêtent parce que ton phare gauche est mal allumé ou parce que les passagers arrières ont par leurs ceintures (NDLR : il n’y a pas de ceinture à l’arrière dans la plupart des voitures vendues en Indonésie).
Ta propre voiture avec chauffeur : Un chauffeur coûte 100 euros par mois.

Comment vous faites avec l’argent?
La monnaie officielle est la Roupie, Rupiah en Indonésien abrégé Rp. Le plus gros billet est celui de 100,000 Rp., ce qui fait à peu près 8 euros. C’est pas grand-chose, et pourtant c’est considéré comme une grosse coupure et t’auras du mal à le changer parfois dans les petits commerces de rue. Attention aussi à ne pas le confondre avec le billet de 10,000 Rp. puisque tous les 2 ont à peu près la même couleur, ainsi qu’un 1 avec beaucoup de 0 derrière.
Les pièces servent pas à grand-chose, à la limite pour payer les gars qui font le parking ou la dame-pipi… et encore, ils te feront sûrement la gueule si tu leur files que ça…

Pour ouvrir un compte en banque en Indonésie, tu auras besoin du KITAS, c’est-à-dire du visa de résident permanent. Si ton entreprise ne te l’accorde pas (il revient assez cher et il y a des restrictions donc beaucoup préfèrent un simple visa d’affaire), cela signifie qu’il te faudra retirer de l’argent avec une carte bancaire, et donc payer beaucoup de frais (entre 5% et 15% de la somme transférée). Pour éviter cela, une solution consiste à ouvrir un compte en France dans une banque qui dispose de son propre réseau d’ATM à Jakarta, par exemple HSBC, ABN-Amro, ou Citibank.


Qu’est-ce qu’il faut absolument que je ramène de France ? Y a-t-il des choses qu’on ne peut pas acheter sur place ?
Il y a de tout à Jakarta, de la baguette de pain au foie gras en passant par le reblochon. Niveau prix par contre, c’est plus cher : 1) pour les produits importés 2) pour les produits de luxe 3) pour tout ce qui est haram (=interdit par la religion musulmane) donc le porc ou l’alcool.
Carrefour est présent dans tous l’Indonésie et vend quelques produits « français » = moutarde, baguette, mayonnaise, etc… Encore mieux mais plus cher : les magasins Kem’Chicks à Kemang et au Mall Pacific Place, Food Hall à Plaza Indonesia ou encore le Ranch Market à Mega Kuningan.
Niveau fringues= Si tu fait 1m95 et que tu chausses du 46, tu auras peut-être du mal à trouver des affaires à ta taille. Il y a pas beaucoup d’anorak non plus, mais normalement t’en auras pas besoin.
Pour les prix, les grandes marques sont en général moins chères qu’en France (-30%) mais ce n’est pas toujours vrai, en particulier dans des magasins comme Sogo et avec certaines marques (Guess, Calvin Klein, Boss) où les prix sont proches de ceux pratiqués en Europe. Il y a des magasins d’usines comme The Warehouse à Senayan ou encore à Bandung, qui proposent des prix littéralement cassés sur des grandes marques. Ça peut mériter le détour…
Si tu achètent des fringues sans marques, alors c’est pas très cher et souvent de qualité puisque les produits sortent des mêmes usines que les marques plus chers… c’est juste le logo qui change… Les bons endroits = Mall Sarinah, Blok M Plaza, Mangga Dua Square
En électronique, je n’ai jamais rien acheté mais il parait qu’il ne faut pas s’attendre à faire d’énormes affaires… mieux vaut acheter à Singapour.. A Mangga Dua il y a un choix énorme mais les prix ne sont pas affichés et on m’a parlé de problèmes avec la garantie.

Comment sont les Indonésiennes ?
Elles sont souvent très belles, dangereusement belles. Et puis rigolotes, joueuses, exotiques, capricieuses.

Y a-t-il beaucoup de prostituées à Jakarta? Y a t'il beaucoup de prostitution à Jakarta?
Oui, beaucoup, mais pas de partout. Plusieurs distinctions : Les filles en free-lance, qui sortent plutôt avec des «bule » (occidentaux), et qu’on trouve là où il y a des bule, c’est-à-dire dans les bars d’hotels (B.A.T.S au Shangri-La, CJ’s à l’hôtel Mulia, Tiga Puluh au Méridien, Stix au Park Lane), au Blok M (My Bar, D’s Place, Top Gun, etc…), et quelques autres endroits (Red Square, Stadium). Elles cherchent, c’est selon la tête du client, du cash, un I-Pod, ou un futur mari, et souvent les trois en même temps. Il faut quand même faire la différence entre une fille du Blok M qui prendra le premier venu, avec une du B.A.T.S, souvent (pas toujours vrai) plus intelligente, parlant bien anglais et ayant fait des études et qui prendra soin de choisir sa victime (certaines se débrouillent très bien financièrement, réussissant à gagner beaucoup d’argent en jonglant avec plusieurs petits copains à travers le monde, chacun envoyant un peu de thunes tous les mois).
Et puis après il y a les filles de Kota, qui ont le plus souvent un « manager » auquel elles sont liées contractuellement. On les rencontre dans quasiment toutes les boites/bars/salon de massage/karaoké du nord de la ville, et là les filles ont pas trop le choix : Le client la choisit, la paye, et monte dans la chambre. Et si elles ont un jour off, elles continuent en free-lance ailleurs.
La morale mise de côté, évite de tomber amoureux, parce que les gars à qui ça arrive on les ramasse à la petite cuillère après.

Peut-on rencontrer une fille normale à Jakarta?
Alors moi j’ai pas réussi :-) mais j’imagine qu’en étant plus malin c’est possible… Bon, j’exagère.. Oui, on peut rencontrer des filles normales, au boulot, dans la rue, au mall, en boite même ! Mieux vaut quand même bien choisir son endroit (les boîtes du sud de la ville par exemple : Bliss pour les lycéennes, Kemang pour les étudiantes, Blowfish pour les Chinoises, Mistere pour les quinquas..). Maintenant, c’est comme en France, faut aller leur parler parce que ça marche pas tout seul…
Il y a assez peu de couples bule-indonésien qui tiennent la route je trouve: Les attentes, les valeurs, la conception du couple, de l’amour, etc.. tout ça c’est différent donc ça nécessite sûrement plus d’effort qu’une relation avec une Française pour arriver à être sur la même longueur d’onde. Au final, s’il est facile de coucher avec pleins de filles quand on est à Jakarta, tu trouveras peut-être qu’il est difficile d’avoir une histoire sérieuse.

J’ai rencontrée ma copine au Blok M et elle me demande de l’argent pour sa mère qui est à l’hôpital : Que faire? Faut-il lui donner ?
Non, elle se fout de ta gueule. Enfin pas tout à fait. Le mari est supposé soutenir financièrement la famille de son épouse dans la culture indonésienne : On épouse pas juste la femme, on se marie aussi avec la famille. Beaucoup plus de responsabilité donc, car il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de système de sécurité sociale non plus, donc si il y a un pépin, on se tourne vers le plus riche. Maintenant regarde ta main… t’es pas marié ? ouf !
Dans 99% des cas, c’est un mensonge qu’elle sort à tous les mecs qu’elle croise... une manière détournée de demander de l’argent… Et elle a bien raison je pense puisque ça marche. A toi d’exercer ton jugement…

La vie à Jakarta : C’est pas trop dur?
Non, c’est plutôt pépère… Il faut réussir à oublier la pollution, les embouteillages, la saleté, les odeurs, la pauvreté, la chaleur, le bruit, l’humidité, l’absence de ciel bleu, le manque d’espaces verts. On découvre alors une ville fascinante et vraiment attachante. Et si tu as un salaire correct, alors tu pourras bénéficier d’une excellente qualité de vie : Maison ou grand appart avec piscine, la femme de ménage, les restaurants, les bars, les boites, les massages, les malls, les voyages, les Indonésien(ne)s…

Est-ce que le pays est conservateur ?
Mmmh… bonne question… je ne saurais pas répondre car on voit de tout… je dirais que le pays est schizophrène. Une visite à Kota un samedi soir te fera comprendre pourquoi.
Il faut noter qu'il y a des régions d'Indonésie plutôt libérées (Jakarta, Bandung, Bali, Manado, Florès) et d'autres très conservatrices (Aceh, Lombok, Sumbawa, Sumatra).

Y a-t-il beaucoup de musulmans à Jakarta?
Oui, mais ils sont cools. Mais malheureusement de moins en moins. Les femmes se couvrent la tête de plus en plus, et c’est pas parce qu’il fait plus froid.

Est-ce que Jakarta est une ville dangeureuse?
Je ne me sens pas en danger, et je pense que cet avis est partagé par la plupart des expats. Maintenant, il y a eu des bombes à Bali et à Jakarta qui ont fait beaucoup de mort, donc le danger existe sûrement. Comme il existe aussi à Paris, à Londres ou à NY.
Au niveau sécurité, il y a d’une façon générale moins de crimes et délits que dans n’importe quelle capitale européenne et même dans les quartiers qui craignent un peu, comme à Kota, on peut s’y balader le soir (tout seul à éviter par contre).
J'ai été très surpris de voir il y a quelques mois que Jakarta était la deuxième ville la pire au monde pour les expatriés, après Lagos au Nigeria (voir le lien ici). C'est bien évidemment n'importe quoi, et ça fera rire tout le monde ici, surtout ceux qui sont allés à Riyad, mieux placé que Jakarta.

Est-il facile de rencontrer des Indonésiens ? De se faire des amis Indonésiens ?
Rencontrer des Indonésiens, c’est facile oui, il y en a 250 millions et ils sont souvent très accueillants, très souriants et très curieux aussi envers les étrangers. Je vois la relation entre les étrangers et les locaux un peu de la même manière qu’entre les Parisiens, les « parigots », et les habitants de la Corrèze : Une fascination mêlée d’un peu de mépris et d’incompréhension.
Se faire des amis, c’est plus dur. Les seuls « vrais » amis Indonésiens que j’ai ont fait leurs études à l’étranger, ou ont l’habitude de côtoyer des étrangers. Comme pour les relations amoureuses, peut-être que ça nécessite du temps et plus d’efforts…

Est-ce que c’est dur d’apprendre l’Indonésien ? Où prendre des cours d’Indonésien ?
L’Indonésien c’est pas bien difficile, au moins dans un premier temps. Il n’a pas de conjugaison, pas de temps, et il s’écrit en alphabet romain. Certaines personnes réussissent à se débrouiller très vite, en quelques mois à peine. C’est très pratique d’apprendre quelques mots pour pouvoir survivre dans des situations de la vie de tout les jours : dans le taxi pour expliquer où tu veux aller, au restaurant, etc..
C’est possible de prendre des cours intensif et semi intensif dans certains instituts culturels. Les cours les plus réputés sont ceux de l’IALF (A c’est pour Australie, mais pour le reste…). Assez cher par contre : 450 euros les deux semaines en intensif.


Comment trouver un boulot en Indonésie quand on est jeune? Comment trouver un stage en Indonésie? Est-il facile de touver un travail en Indonésie?
Alors si t’es un jeune de 25 ans sans expérience professionnelle, et que tu parles pas Indonésien. Ça va être dur… Tu peux essayer de trouver un V.I.E mais il y a pas beaucoup d’offres, ou voir si ta boite en France peut envoyer (mais il faut pour cela quelques années d’expériences). Sinon, le mieux est de venir sur place je pense et de démarcher les entreprises pour essayer de trouver un contrat local ou un stage, mais attends toi à recevoir un salaire de merde = 400 euros si t’es chanceux. Mais jusqu’à 1000-1500 euros si t’as 3-4 années d’expériences et que tu frappes aux bonnes portes.
Tu peux aussi travailler illégalement avec un visa touristique ou un visa SOSBUD (visa socioculturel, un agent peut t’aider à l’avoir pour 100$ par mois si t’as pas de sponsor): Prof d’anglais (théoriquement c’est interdit si l’Anglais n’est pas ta langue maternelle) pour environ 700 euros/mois. Figurant/acteur pour des pubs et des sitcoms (ça peut bien payer mais il faut accepter de se faire draguer par Feby, la reine du casting pour étrangers). Ça peut bien payer : 150 euros pour un jour de tournage pour une pub, environ 40€ pour un sitcom, et c’est possible de trouver des rôles assez facilement si tu ressembles pas à Frankenstein. Et puis on te reconnaîtra dans la rue, c’est toujours marrant.
Gigolo aussi ça envoie du lourd… parait qu’à Plaza Senayan ou au Ritz Carlton on trouve facilement des dames fortunées en quête de frisson romantique.

Dois-je amener un pull ? Est-ce qu’il fait chaud ?
On pète de chaud ici, mais encore ça va en ce moment parce que c’est la saison humide (d’octobre à mars). Vu qu’il pleut beaucoup, ça rafraîchit un peu l’atmosphère. Prends un pull quand même pour quand tu va au mall ou au cinéma parce qu’on gèle avec leur putain de clim.

Y a t'il beaucoup de Français à Jakarta? Combien de Français vivent à Jakarta? Quelle est la taille de la communauté Française à Jakarta?
Il y a de plus en plus de Français à Jakarta. D'après l'Ambassade de France à Jakarta, il y avait début 2009 1421 Français enregistrés à Jakarta (et plus de 3000 dans toute l'Indonésie: voir le lien ici). Néanmoins, sachant que tout le monde ne s'inscrit pas au Consulat, je dirais qu'il y en a entre 2000 et 4000 français à Jakarta en comptant les familles, voire plus. Et dans le reste de l'Indonésie au moins 1000 de plus (en particulier grace à la communauté Française de Bali).

Jakartateam : Qui êtes-vous ?
Nous sommes une dizaine, 25-30 ans, la plupart VIE à Jakarta. Quelques expats aussi, quelques stagiaires et quelques on-ne-sait-pas-quoi.

Vous sortez souvent ?
On sort plus trop… faut dire qu’y en a pas mal qui sont rentrés en France et qu’on a presque fait le tour des bars. On est obligé d’aller à Tangerang maintenant pour en trouver des nouveaux.

Etes-vous des pervers ?
Moi non mais les autres oui.

mercredi 7 janvier 2009

La controverse de Djakarta (Un article du Monde de Sylvie Kauffmann)

Le jour où Yudhi Widdyantoro, professeur de yoga à Djakarta, s'est retrouvé devant une brochette d'oulémas en train de justifier son activité, il s'est demandé s'il ne rêvait pas. Mais non, Yudhi Widdyantoro ne rêvait pas, ce matin du 2 décembre, et même s'il rit volontiers aujourd'hui de l'absurdité de la situation, il n'est pas sûr de trouver ça, au fond, vraiment drôle.
L'affaire est partie de Malaisie où, un mois plus tôt, le Conseil national des fatwas avait décrété que la pratique du yoga était "haram" (interdite) pour les musulmans, car teintée d'hindouisme. A peine les amateurs de yoga commençaient-ils à s'en indigner que, déjà, la question traversait le détroit de Malacca et gagnait l'immeuble flambant neuf du Conseil des oulémas d'Indonésie à Djakarta : fallait-il aussi décréter le yoga "haram" en Indonésie, pays qui, avec 240 millions d'habitants dont 85 % de musulmans, abrite la plus forte population musulmane du monde ? Le Conseil décida d'"enquêter".
C'est ainsi que Yudhi se retrouva, avec quelques collègues yogis, devant sept hiérarques religieux, à répondre à des questions sur "le rituel du yoga". L'atmosphère s'est un peu gâtée lorsqu'un des oulémas a demandé à Yudhi, qui trouvait cette convocation "ridicule et arrogante", s'il était musulman. "Oui, sur ma carte d'identité", a-t-il dit. "Vous priez ?" "J'ai répondu non et je suis parti, parce que j'avais un rendez-vous." Depuis, certains de ses collègues le battent froid.
Dernier symptôme de la dynamique qui secoue l'islam indonésien, dont la solide tradition d'ouverture et de tolérance est mise à l'épreuve par le militantisme de groupes conservateurs depuis quelques années, l'affaire du yoga suit son cours. L'intelligentsia de la capitale préfère s'en amuser, après le choc des deux controverses qui ont marqué 2008 : en juin, un décret gouvernemental a gelé les activités de la secte musulmane des Ahmadis, que les radicaux considèrent comme "déviante" parce qu'elle vénère son propre prophète ; puis, le 30 octobre, la loi anti-pornographie a été adoptée au terme d'un long combat entre courants libéral et conservateur de la société et de l'islam indonésiens.
Guntur Romli ne risque pas d'oublier la bataille des Ahmadis - il en porte les cicatrices sur le visage, autour de l'oeil droit. Le 1er juin, il se trouvait parmi les manifestants rassemblés dans le centre de Djakarta pour soutenir le pluralisme religieux et le droit des Ahmadis à exister, lorsqu'un groupe de nervis des islamistes radicaux, le Front des défenseurs de l'islam (FPI), armés de bâtons, a attaqué la manifestation. Plus de 70 personnes ont été blessées ; Guntur Romli s'est retrouvé à l'hôpital avec le nez cassé et trois heures d'opération pour sauver son oeil. "C'est là que ça a commencé, en Indonésie, dit ce jeune intellectuel, qui a étudié l'islam en Egypte pendant six ans. C'était la première agression de l'islam progressiste par l'islam radical."
Quelques jours plus tard, la police a arrêté une cinquantaine de membres du FPI, dont son chef. Mais, le 9 juin, l'annonce du décret donnant partiellement satisfaction aux radicaux - ils demandaient l'interdiction totale de la secte - a été perçue comme une concession du gouvernement, laïque et démocratique, aux groupes fondamentalistes.
Puis la bataille s'est déplacée au Parlement, où un projet de loi contre la pornographie lancé en 1999, très édulcoré sous la pression de mouvements féministes et progressistes, avait été relancé en 2006. Eva Sundari, 43 ans, députée du Parti démocrate indonésien du combat (PDP-I, centriste), a participé à la rédaction du nouveau projet de loi et, devant l'impossibilité d'imposer ses objections, a quitté l'Assemblée avec les 108 députés de son parti au moment du vote. Aujourd'hui, elle est inquiète : "L'islam libéral en Indonésie est menacé par la droite."
La loi adoptée définit comme pornographiques "les dessins, ébauches, illustrations, photos, textes, voix, sons, images vidéo ou cinéma, dessins animés, poèmes, conversations, gestes ou toute autre forme de communication dans divers médias, ainsi que les spectacles publics susceptibles d'inciter à l'obscénité, à l'exploitation sexuelle et de violer la morale". Les peines pour les contrevenants ou pour ceux qui "exposent leur nudité" peuvent aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement. Enfin, l'un des articles de la loi autorise "le public à agir pour empêcher la production, la diffusion et l'utilisation de la pornographie". Pour les libéraux, c'est la porte ouverte à de nouveaux abus des brutes du FPI.
Plusieurs provinces indonésiennes à population chrétienne ou hindoue ont protesté. Le gouverneur de Bali a fait savoir qu'il refuserait de l'appliquer sur son île. Les professionnels du tourisme, furieux, ont réussi à imposer une clause protégeant le port du bikini sur les plages. Face aux critiques qui accusent la loi anti-pornographie de "trahir les valeurs nationales", le président de la République, Susilo Bambang Yudhoyono, un homme accommodant, démocratiquement élu en 2004 et candidat à un nouveau mandat cette année, a signé la loi en catimini, ce qui ne s'est su que courant décembre. Depuis, plusieurs associations étudient un recours devant la Cour constitutionnelle.
Vieux routier du combat démocratique, l'écrivain Goenawan Mohamed, qui contribua activement à la chute du régime Suharto en 1998, garde la tête froide. "Attendons de voir comment cette loi va être appliquée", dit-il, attablé devant le superbe centre culturel qu'il vient de créer à Djakarta. "Si elle est rigoureusement appliquée, il y aura une forte résistance." Pour lui, il y a une façon optimiste de voir les choses en Indonésie : "L'islam conservateur, ou plutôt sectaire, est en hausse, mais l'islam libéral aussi" et il est trop tôt "pour dire lequel va l'emporter". Pour l'instant, il se réjouit de "la liberté du débat, impensable sous l'ancien régime".
Il y a, chez les intellectuels libéraux indonésiens, une sagesse, un refus de s'alarmer qui exaspère des gens comme la députée Eva Sundari. Elle a vu, pendant la discussion sur la loi anti-pornographie, comment les conservateurs musulmans ont réussi à faire passer l'idée dans la société qu'il s'agissait simplement de protéger les femmes et les enfants. Elle voit l'habileté avec laquelle "la droite islamique", comme elle dit, infiltre les campus et les structures universitaires, pénètre la bureaucratie, exploite le système politique.
Face à cet activisme, accuse-t-elle, "les libéraux restent passifs". Tête nue mais les bras et les jambes couverts par un ensemble chemise-pantalon, elle pense qu'ils se trompent : "C'est un défi pour notre démocratie." Guntur Romli, le blessé du 1er juin, n'est pas loin de penser la même chose. Pour lui, "le problème de l'islam libéral, c'est que la majorité silencieuse reste silencieuse". Pendant ce temps, l'islam radical progresse, représenté "dans la rue par le FPI, dans la religion par le MUI (Conseil des oulémas) et au Parlement par le PKS", le Parti de la justice et de la prospérité.
Anis Matta, secrétaire général du PKS, n'a pourtant pas l'air menaçant. Au Starbucks Café d'une grande galerie commerciale, il arrive en compagnie de sa jeune femme Sylvia, Hongroise convertie à l'islam, enceinte, portant hidjab et abaya. Elle évite ostensiblement de serrer la main d'un interlocuteur masculin présent mais Anis Matta, en costume occidental et chemise à col ouvert, ne refuse pas la nôtre. Il explique que "l'explosion de démocratie" a donné "trop de liberté aux médias", surtout la télévision, qui s'en est servie pour "diffuser de la pornographie".
"C'est allé trop loin, dit-il. Or les Indonésiens n'aiment pas l'extrémisme, ni de droite ni de gauche. Ici, le communisme a échoué et Suharto est tombé parce qu'ils sont allés trop loin." Fin et courtois, Anis Matta affirme pratiquer lui-même le yoga, déclare que le dangdut, musique de variété locale dansée de façon très suggestive, est "OK" et qualifie le port du voile de "choix individuel". "Il est très malin, mais il a trois femmes", dit de lui une collègue au Parlement. "Non, deux", rectifie-t-il. Et sur une autre polémique qui a choqué beaucoup de femmes, celle d'un religieux musulman qui a pris comme deuxième épouse une fillette de 12 ans en prétendant imiter le Prophète, il préfère ne pas prendre parti.
Dangereux radicaux ? Pas le PKS, répond Sidney Jones, une spécialiste de l'Asie du Sud-Est à l'International Crisis Group. L'influence croissante de la filiale locale du Hizb ut-Tahrir, un groupe islamiste interdit dans la plupart des pays musulmans, qui veut instaurer un califat, l'inquiète davantage. Pour elle, le PKS rassemble des "militants politiques islamiques qui utilisent le système démocratique et veulent transformer l'Indonésie, de haut en bas, en une société plus conforme aux principes islamiques, qu'il s'agisse de la manière de s'habiller, de la moralité, de la corruption ou de la solidarité sociale". Le PKS a "de loin les cadres les plus dynamiques", et les organisations musulmanes traditionnelles modérées commencent à s'en inquiéter sérieusement. Plus que les intellectuels, qui se rassurent en soulignant le faible poids électoral du PKS (7,5 % en 2004).
Anis Matta affirme que son parti sera "très heureux" s'il atteint 10 à 12 % des voix cette année. Car ce n'est pas sur les bancs du Parlement que se joue l'avenir de l'islam indonésien. Dans cet archipel où hindouisme et bouddhisme ont précédé l'islam, dans ce pays si ouvert qu'il a fait de "l'unité dans la diversité" sa devise, c'est au coeur même de la société que se livre, chaque jour et âprement, la bataille pour le pluralisme et la tolérance.