lundi 15 octobre 2007

Manager des Indonésiens (par Mr. Orange)

Pour ma première revue, je n’ai pas choisi un sujet facile facile mais je vais essayer de me sortir les doigts histoire d’en faire un récit puissant. Bon, je dois d’abord expliquer le choix de mon thème, c’est probablement parce que mes potes (alias les Mr. K, X, EE, FV, etc) m’appellent le super Manager que j’ai décidé d'expliquer au monde entier ce que c'est que de manager des Indonésiens : il faut savoir que je mon equipe se compose d'une bonne dizaine d’Indonésiens.
Apres quelques mois dans ma compagnie, je me retrouve une semaine avec ma directrice des ventes, une vendeuse et un mec en charge des relations publiques pour un salon professionnel qui se tient à Bali. Gros salon asiatique avec présence de tous les boss de la société, évènements que l’on prépare depuis 3 mois et que l’on rabâche que tout doit être parfait sur notre stand.

Premier jour (mercredi) : J croise au petit déjeuner à l’hôtel les 3 personnes en charge du stand. Premier bilan, ils sont éclatés, tête dans le cul, pas fringués, pas maquillées, ca s’annonce pas terrible. Petite réflexion sympa « vous ferez un effort pour avoir une meilleure tête quand vous arriverez au stand ». J’arrive au salon en avance, je fais un tour et visite la concurrence, 2ème reminder par téléphone, « les boss sont tous la, faut que vous tardiez pas et attention a vos têtes ». Ils arrivent, toujours aussi dépouillés et on n’a pas l’air d’une compagnie super sérieuse. Enfin, la journée se passe puis je découvre un petit problème de badge, on en a pas assez pour nous 4 donc je me retrouve, avec notre mec en charge des relations publiques à me faire virer du salon vers 15h. Bon, ce n’est pas leur faute, c’est l’organisateur du salon qui limite à 2 invitations par compagnie. Pas de problèmes, je la joue cool et je lui dis, je te paye une bière quelque part. Sur le chemin :
- Lui : « Alors, c’est quoi le programme pour demain ? »
- Moi : « Facile, demain, tu vas au salon, je n’y serai pas parce que j’ai un meeting, mais tu développes tes contacts avec la concurrence, les clients potentiels, la presse, etc »
- Lui : « ok, pas de problème »
On passe la soirée au resto avec l’équipe et on essaye de pas trop revenir sur leur désengagement parce qu’il leur reste encore 2 jours pour se rattraper.

Deuxieme jour (jeudi) : Meeting avec des responsables de filiales sans accrocs particuliers. On retrouve le reste de l’équipe en fin de journée pour se rendre à un Cocktail histoire de continuer à tisser des liens à l’extérieur. Soirée sympa mais il faut passer derrière chaque personne pour lui rappeler le pourquoi de notre présence au cocktail : développer les relations avec les clients potentiels et la presse.

Troisième jour (vendredi) : Dernier jour de salon, je suis toute la journée sur place pour accueillir les clients, faire des nouveaux contacts et j’appréhendai cette journée qui se passe finalement bien. Je termine par un petit cocktail très indo et les 3 autres vont soit disant à un autre cocktail organisé dans le cadre du salon. Enfin, à 3h du mat, je les croise dans un bar de Seminyak et ils n’ont pas l’air bien plus frais que moi. Pas de souci, c’est vendredi soir et ils ont bien mérité de se détendre.


Retour au bureau (semaine suivante) : Jusque là, tout le monde se dit qu’il n’y a vraiment rien d’exceptionnel, mais c’est la semaine suivante, en revenant au bureau que je réalise l’ampleur du gap entre occidentaux et asiatiques.

Les ressources humaines m’appellent « Hé, ta directrice des ventes a signé elle-même ses congés, tu peux venir jeter un œil ? ». Elle a donc accepté toute seule sa demande de congés pour le motif suivant « 3 jours pour récupération des heures supplémentaires faites lors du salon de la semaine précédente ». Illico, je la convoque et je lui dis qu’elle n’as pas à signer ses congés toute seule, que jusqu’à nouvel ordre, je suis toujours son boss et lui demande le pourquoi de ces 3 jours de récupération pour le salon qui a eu lieu mercredi, jeudi et vendredi ? Elle se dégonfle pas et répond tranquille : « ben quand je suis au bureau à Jakarta, je travaille de 9h a 18h et là, je suis allée à des cocktails le soir parce que j’étais obligée alors je veux récupérer mes jours ! ». Bon, je ne vous fais pas de dessein, vous imaginez bien que je ne lui ai pas donné ses jours.

Mon gars en charge des relations publiques se pointe dans mon bureau avec sa demande de remboursement pour la semaine précédente. Je jette un œil et je trouve des dépenses plutôt bizarres :
- un remboursement de déjeuner pour le mercredi midi alors qu’on a mangé gratis ensemble au salon avant se faire virer. Je gère le truc sans opposition de sa part.
- un remboursement pour le resto de mercredi soir alors là, je lui dis « tu te fous de moi, on a mangé ensemble aussi mercredi soir au resto ! » et lui sans complexe « mais j’avais déjà dîné au resto juste avant ». Bien sûr je lui ai dis que je la boite ne lui payait pas ses goûtés et qu’il arrête de me les briser.
- un remboursement pour le resto du jeudi midi alors que le déjeuner est fourni par l’organisation du salon. Alors là je le questionne et il me dit « Mais je ne suis pas allé au salon jeudi » ! Moi dubitatif « quand on en a parlé mercredi, je t’ai bien dis que tu allais au salon jeudi ? » Il acquiesce et là je deviens fou, mais qu’est ce qu’il a foutu jeudi, il était en vacances à Kuta ? Ben pas loin, il ose quand même me sortir qu’il a fait le tour de la concurrence à Kuta. Bon, je lui fais part de mon mécontentement et lui dis que la prochaine fois, je ferai bien attention à lui, si prochaine fois il y a. Putain, je me dis qu’il faut tout de même être con pour se griller tout seul juste pour un remboursement de 35.000 Roupies.

Voilà mes prémices d’expériences avec les travailleurs indonésiens. Bon j’acquiesce, ce n’est pas avec ce qu’on les paye (entre 1,5 M et 4,5 M de Roupies) qu’on peut attendre un réel investissement de leur part mais tout de même, ils ont un gros poil dans la main que l’on pourrait aisément confondre avec un Baobab (et ça s’arrose un Baobab). Le truc difficile quand on les manage, c’est qu’on ne peut pas s’énerver pour ne pas « perdre la face » (ah ce bon vieil adage asiatique) ; on ne peut pas les frapper non plus parce que ça ne se fait pas de frapper les plus petits que soi.
Alors il ne nous reste plus que la diplomatie… à la française bien sûr.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez tout faux, Cher Monsieur, dans votre manière de manager et de parler de vos employés, qui sont avant tout les autochtones du pays qui vous reçoit.
J'espère que ceux-ci vous feront payer mille fois le mépris que vous avez à leur égard.
Bien que Français comme vous, je ne comprends ce qui est risible dans la demande de récupérer ses heures travaillées pour son employeur après 18 h jusqu'à minuit et + ?
Votre vie de famille ou sentimentale est telle si nulle qu'elle n'a pour vous aucune valeur et que principe doit s'étendre à tous vos employés ?

Anonyme a dit…

Vous avez tout faux, Cher Monsieur, dans votre manière de manager et de parler de vos employés, qui sont avant tout les autochtones du pays qui vous reçoit.
J'espère que ceux-ci vous feront payer mille fois le mépris que vous avez à leur égard.
Bien que Français comme vous, je ne comprends ce qui est risible dans la demande de récupérer ses heures travaillées pour son employeur après 18 h jusqu'à minuit et + ?
Votre vie de famille ou sentimentale est telle si nulle qu'elle n'a pour vous aucune valeur et que principe doit s'étendre à tous vos employés ?

Unknown a dit…

Vous avez tout faux, Cher Monsieur, dans votre manière de manager et de parler de vos employés, qui sont avant tout les autochtones du pays qui vous reçoit.
J'espère que ceux-ci vous feront payer mille fois le mépris que vous avez à leur égard.
Bien que Français comme vous, je ne comprends ce qui est risible dans la demande de récupérer ses heures travaillées pour son employeur après 18 h jusqu'à minuit et + ?
Votre vie de famille ou sentimentale est telle si nulle qu'elle n'a pour vous aucune valeur et que principe doit s'étendre à tous vos employés ?